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 Vendredi 20 novembre 2015, Palais Longchamp.

 

 

 

Dès le XVIe siècle on  envisage  de  creuser un canal pour alimenter Marseille avec les eaux de la Durance.

Au  XIXe  siècle  le  problème  de l’eau devient  une obsession  pour la  municipalité,  aggravée en  1835  par  une épidémie de choléra.

Dès  1838  des  projets pour le creusement de ce canal sont établis. Sous Louis-Philippe,  la Durance arrive à Marseille .  On  va  alors   imaginer  un  château  d’eau monumental  à  la  gloire  de cette eau si précieuse. Le projet   de  l’architecte   de   Notre-Dame  de  la  Garde, Henry Espérandieu   sera  choisi  pour bâtir   le plus remarquable des édifices construits à Marseille sous le Second Empire.

Il est  inauguré  en  1869, sous Napoléon III , et sous le mandat  du   maire   monsieur   Bernex. Il fut construit  à la gloire de l’eau, des arts et des sciences.

Le Palais Longchamp est un édifice majeur de la ville de Marseille. Sa construction a été le reflet de la puissance de la ville

Son riche décor  évoque l’abondance et la fertilité amenées par les eaux du canal et la sculpture y tient un rôle prépondérant.  Il réunit sur même site le Musée des Beaux-Arts, le Muséum d’Histoire Naturelle , un parc botanique  anciennement zoologique.

Le Musée des Beaux-Arts  a réouvert  officiellement ses portes , fin 2013, après près de 9 ans de travaux.  Ainsi sa collection permanente   réinvestit  les  lieux,  représentant   l’art  du   XVIème  au XIXème  siècle.  Rubens,  David,  Loubon ou Monticelli.... cohabitent au sein du premier véritable musée reconnu comme tel à Marseille.

Créé au  lendemain  de la Révolution, suite à l'arrêté du 13 Fructidor an IX (31 août 1801), dit arrêté Chaptal du nom du Ministre de l'Intérieur de l'époque Jean-Antoine , le Musée des Beaux Arts est le plus ancien des musées de Marseille et l'un des grands musées des Beaux-Arts français. Les premières collections proviennent des saisies révolutionnaires des biens des émigrés. La  chapelle  des Bernardines  devenant  très insuffisante , Il  est  installé depuis 1869 dans l'aile gauche du Palais Longchamp.
Monument phare, témoin des bouleversements rencontrés par  Marseille durant près de trois siècles, il a retrouvé sa splendeur originelle.  Il fait partie des 15 établissements créés en 1801 sous le Consulat français et a été témoin d’évènements marquants comme les suites de  la Révolution de 1789 ou les guerres mondiales.

 

 

Le Président Yves Poujol accueille le groupe AMOPA 13

Nous  sommes  munis de  nos  oreillettes  (non sans mal quelquefois),   la visite  peut commencer.

En voici quelques images, assorties d'extraits des  explications du guide

 

 

Le rez-de-chaussée  du musée accueille les peintures les plus anciennes du XVIe et XVIIe siècles

Rubens:" La chasse au sanglier", 1616.

Grand tableau décor réalisé en quelques mois dans son atelier d'Anvers en collaboration avec ses amis et ses apprentis. Temps et espace sont condensés, toutes les lignes convergent vers le sanglier. On remarque une légère critique sociale: en bas à gauche 4 sujets serviteurs qui souffrent, sur fond noir, en haut à droite, sur fond bleu, de riches personnages de la noblesse  regardent.

À coté la différence de facture est flagrante avec ces deux œuvres de Rubens seul ("qui peint comme il respire" dit le guide).

Lavinia Fontana:"Consécration à la Vierge",1599.--->

Son père, Prospero était un peintre maniériste réputé.

Née à Bologne,elle est l'un des fleurons de la peinture féminine de la Renaissance italienne, en avance sur son temps.

Entre Renaissance et Baroque, cette composition frôle l'abstrait. Le dédoublement des enfants pose question: "sont-ils suivis par  leur âme immortelle?.."

 

 

À droite Annibale Carracci: "David tenant la tête de Goliath", à gauche Guido Reni: "Charité romaine" Ces peintres italiens  de Bologne montrent la volonté évidente de se dégager du maniérisme finissant avec une conception classique et naturaliste de la peinture, à la manière du Caravage


 

La" Charité romaine" au titre ambigu est une peinture érotique et même violente ainsi que l'exprime le visage féminin

L'école italienne du XVIIème encore, avec Guido Cannacci que l'on peut rattacher à la période tardive du baroque italien, appartenant à l'école de Bologne. "Un franciscain", en bas à gauche "parle avec les mains", le bout

des doigts est flou

On doit à Carlo Maratta "Le cardinal Cibo Alderano" (envoyé à

Louis XIV) aux yeux bleu-nuit perçants. Il ne regarde pas les feuilles qu'il tient,

on remarque le tableau "léger" en haut

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L'achat de "Saint Sébastien soigné par Irène" par le musée de Marseille en 1988 a fait entrer dans un musée français la première œuvre de Marcantonio Bassetti, la plus forte personnalité artistique véronaise de la première moitié du XVIIe siècle. Violemment expressive, la mise en évidence, dans un cadrage rapproché et sous un éclairage dramatique du corps en torsion , impose la vision totalement renouvelée d'une image de dévotion qui répond sans doute à la commande d'un simple particulier ou d'une des humbles congrégations qui figurent parmi sa clientèle.
 

Nous entrons dans la salle réservée à Pierre Puget, l'un des plus grands artistes du Baroque.

Ses sculptures sont à Paris, nous avons de très belles reproductions en plâtre.

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                  "Diogène et Alexandre"--->

 

 

 

 

 

 

Peintures de Pierre Puget:

"Le faune" était dressé au centre d'une fontaine dans le jardin de Pierre Puget . Inspirée de la sculpture antique, cette œuvre à l'aspect inachevé qui allie grâce et force, rapproche l'artiste de Michel-Ange, son grand modèle

Louis Finson ,  est un peintre flamand des anciens Pays-Bas, et l’un des premiers propagateurs du caravagisme dans l'Europe du Nord.(on peut voir à l'église de Château-Gombert une autre de ses œuvres : la "Résurrection de Lazare" .)

 

   Deux autoportraits grotesques--->,

à droite celui de Louis Finson, à gauche

celui de son ami Martin Faber.

Louis Finson a copié la "Madeleine en extase" du Caravage avec qui il a travaillé à Rome.Il en existe au moins 18 copies.L'original a disparu. On l' aurait retrouvé conservé secrètement dans une collection privée européenne.

Ce tableau a été exécuté dans les mois qui suivirent la fuite du Caravage après le meurtre de Ranuccio Tommassoni le 29 mai 1606. Condamné à mort  par  contumace,  le  peintre s'était  alors  réfugié  à  Malte  et  les sources de première main rapportent qu'à ce moment « il travaillait à un tableau de Marie-Madeleine. »

Philippe de Champaigne est un peintre et graveur français classique d'origine brabançonne (né à Bruxelles) .
 

Le  "ravissement de Madeleine"  commandé par  Anne   d'Autriche, épouse  stérile  de    Louis XIII jusqu'alors, et qui du coup tombera enceinte  du  futur Louis  XIV .  Il  a  été  peint  pour  le  plafond  de  son appartement au Val-de-Grâce .

Les  anges   hissent   Madeleine   sur   le pilon  de la Sainte-Baume pour qu'elle puisse y prier plus près du ciel. C'est un tableau assez sensuel (la main de l'ange caresse son mollet, ses cheveux moulent ses seins...)

 

 

 

 

 

À coté, trois Vierges à l'enfant, de droite à gauche,la Vierge à la rose de Simon Vouet , la vierge à l'enfant de Nicolas Mignard et   celle de Pierre Puget:

" la vierge apprenant à lire à l'enfant"

 

À l'étage, des œuvres du XVIIIe au XIXe siècle.

À mi-étage de part et d'autre, deux huiles sur toile faites en 1869 par  Puvis de Chavannes :

"Marseille, colonie grecque",et "Marseille, porte de l'Orient". Le peintre qui n'aimait pas Marseille, paraît-il, usa de photos et ne vint pas à l'inauguration.

Après le déclin du mouvement baroque dans la seconde moitié du XVIII° siècle naît le rococo, principalement en France. À titre de réaction  au baroque imposé par Louis XIV, le rococo danse, joue, chante et s’exalte. De délicats mélanges de roses, verts  et  jaunes furent mis  en  exergue  dans des  compositions  frivoles  et d’une surprenante légèreté, rejetant la symétrie et estompant les lignes droites. La grande peinture décorative disparaît au profit de la peinture de chevalet, où la couleur reprend ses droits. La taille  des  tableaux  diminue  car  ils ne  sont  plus  destinés  aux églises ou aux palais mais aux villas des riches négociants .

Ce sont des tableaux décor, faits "à la chaîne" pour être vendus, de "gentils paysages" où la mythologie sert de prétexte pour la nudité où la fuite en Egypte est nommée "caravane"

Une Tempête de Jean Henry dit Henry d'Arles . Sur  le  piton,  l'insolite   vestige  d'un   bâtiment,   qui n'aurait pas eu la place de s'y trouver, nous  emmène  dans le monde de l'imagination et du rêve.

Ce sont les prémisses du Romantisme.

Jean-Joseph Kapeller

est , peintre architecte  géomètre et même commissaire de  police, ne parle que le Provençal , ce qui fait de lui la risée de certains.

L'"Embarquement du corps expéditionnaire de Minorque au port de Marseille sous les ordres du Duc de Richelieu"

est  son  œuvre majeure.. Elle  nous montre l’activité et la configuration du port à l’époque, avec une mairie que l’on connaît  . Cette peinture est baignée de romantisme avec une  mise  en scène  baroque.  Subtil  mélange  qui nous immerge dans le rêve, ce qui était probablement le but du peintre : réussite totale.On peut remarquer que les règles des  marines  ne  sont  pas  respectées: horizon trop bas, pas d'arrêt à l'avant pour la mer...Notre guide:"Le bateau est à voiles déployées dos au sens du départ. Ce détail a été  éclairé  par  un expert de  la  marine:  les voiles sont dessalées  à  l'eau  douce  puis  séchées avant le départ.. cette toile n'est certes pas celle d'un professionnel mais elle témoigne d'un regard plus frais et plus précis, proche du récit"

Robert Le Vrac dit de Tournières

Portrait supposé de M. de Saint-Cannat et ses enfants. Avec un coloris délicat,  une convenance parfaite  dans la pose  et l’ajustement, une certaine élégance  dans  les  draperies, il est, suivant le mot d’un  éminent  critique , un artiste plus soigneux que puissant et, sans  pouvoir  être compté au rang des premiers portraitistes,il y tient  cependant une place honorable. Notre guide dit:"  C'est  un  tableau lisse.

Que veulent dire les gestes des enfants?  c'est  un langage  vide de  sens,  on pose,  on présente  une façade... "

De Jacques-Louis David , considéré comme le chef de file du mouvement néo-classique, marquant une rupture avec le style galant et libertin de la peinture rococo du XVIIIe siècle: "Saint Roch intercédant la Vierge pour la guérison des pestiférés"

 

Pour  le  sortir d'une crise   de mélancolie, son maître lui fait avoir la commande  de ce  tableau à thème religieux commémorant l’épidémie  de  peste  survenue  à  Marseille  en  1720,  destiné  à  la  chapelle  du  Lazaret  de Marseille  (ancien musée des Beaux-Arts ). L’œuvre témoigne d’une nouvelle manière de peindre. Notre guide: "On est en 1780 juste avant la Révolution. David a voulu choquer pour  faire parler de lui et enfin émerger: le pestiféré aux pieds de saint Roch va mourir mais il ne prie pas, il tourne le dos au saint. La femme derrière  lui  a  les  yeux  mi-clos perdus dans le vide  et non pas tournés vers le ciel. Ses mains ne sont pas jointes pour une priére mais serrées, poings fermés, pour exprimer plus la colère que la piété. Son fils est fou de douleur et de terreur."

 

 

 

Elisabeth Louise Vigée Lebrun , "Portrait de la Duchesse d'Orléans"

Considérée comme une grande portraitiste de son temps, elle fut un témoin privilégié des bouleversements de la fin du XVIIIe siècle, Révolution Française et  Restauration. Fervente royaliste, elle sera successivement peintre de la cour de France, de Marie-Antoinette et de Louis XVI,

 Quatre portraits de quatre Marseillais de Françoise Duparc, elle aussi contemporaine de David .

 Elle fait poser et paie  des modèles de la rue, qu'elle respecte dans leur naturel, et peint dans leur réalité. On est loin des modèles artificiels vus ci-dessus, cette volonté est révolutionnaire.

L'homme à la besace porte un costume militaire élimé et tient sur sa poitrine une besace probablement remplie d'« estrasses », terme marseillais pour désigner de vieux chiffons. Il s'agit donc d'un « estrassaïre » ou chiffonnier.

Femme à l'ouvrage : cette femme cousant est absorbée par son travail ,concentration et  naturel avec seulement pour décor une commode.

La vieille femme assise avec les bras croisés pourrait représenter une blanchisseuse comme le laissent supposer son visage coloré,  ses bras rougis par l'eau chaude des lessives et ses mains qu'elle cache

La marchande de tisane représente une jeune femme vêtue d'une robe grise et d'un tablier blanc ; elle porte la coiffe blanche des femmes du peuple. Une fontaine est suspendue à ses épaules et elle tient un gobelet à la main.

Le guide fait la comparaison entre les deux peintures ci-dessous. "À gauche on pourrait compter les feuilles de l'arbre. C'est un   tableau inventé, fait  à l'atelier  comme  jusqu'alors.  À droite  le travail  est moins précis mais tellement plus proche de la réalité. Que s'est-il passé?"

Jusqu'au XIXe siècle, les peintres broyaient eux-mêmes les pigments en poudre avec le liant, et les employaient aussitôt.  Au XIXe siècle sont apparues les premières couleurs  prêtes à l'emploi qui devaient cependant être utilisées rapidement.

En 1841,le peintre américain John Goffe Rand  dépose à Londres le brevet d'invention d'un tube souple compactable, fermé hermétiquement à l’aide d’une pince et dont l'enveloppe est une feuille d'étain. Rapidement commercialisé ce tube permet aux peintres de s’évader de leurs ateliers pour travailler en plein air. Il faut travailler plus vite car le temps est compté, la lumière change, on s'attache dès lors à rendre la réalité de la nature.

Sur cette toile d'un peintre de l'école de Barbizon la tête de la vache, le bras du garçon sont des taches blanches qui annoncent semble-t'il l'impressionnisme." Pas mal de loin "a  dit sévèrement Baudelaire qui était aussi critique d'art.

L’Orientalisme est  une inspiration ramenée de voyage, qui se veut une pejnture de vérité.

José Silbert encore un authentique provençal, également un authentique orientaliste,le plus représentatif du genre orientaliste et certainement un des plus connus au monde.

Voici"Le montreur de aras". La technique du peintre d’une précision indiscutable   frise  la perfection  par  le dessin,  la couleur, la mise en page, tout est parfait, absolument parfait. Trop parfait ?  Non : cette perfection est contrebalancée   par   "quelques erreurs"   d'après  le  guide  " il n'y a pas de marchand de aras en Afrique, les lignes d'écriture ne veulent rien dire.." Mais du grand art quand même. Considéré de son temps comme un vulgaire « pompier », il est aujourd’hui reconnu comme un peintre orientaliste majeur.

Adolphe Monticelli , peintre inclassable, authentique Marseillais.  Coloriste, à la palette sombre, la matière de sa peinture est épaisse ."le sujet n'est pas important, c'est la matière qui compte". Ces peintures restent pourtant élégantes. Et quel talent ! Monticelli est unique dans l’histoire de la peinture : sa touche est très sûre,  d’une hardiesse singulière pour son époque. 

Un grand  "Portrait de Madame Pascal"  qui était  l'épouse  de l'ambassadeur de Bolivie, la touche est plus légère, la palette plus claire et le dessin précis : une autre facette de Monticelli. Mais si l'on isole un pan de la robe, on comprend ce que voulait dire l'artiste en 1870: " Je travaille pour ce qui sera compris dans cinquante ans"

Emile- Charles Loubon  n'est  pas  un  simple peintre paysagiste, il est  "le peintre de l'âme de la Provence". Il  s'attacha à en exprimer la beauté sauvage

"Vue de Marseille des Aygalades un jour de marché" est peint avant la construction de Notre-Dame de la Garde que l'on ne  voit pas sur la colline.

 

On  déambule  encore  un  peu,  comme  si  l'on  ne pouvait  pas  quitter  brutalement  toutes  ces  œuvres  d'art qui  nous  ont enchantés.

Il  est  vrai  que  la  qualité  et  la petite taille des  photos  ne  permettent  pas vraiment de les apprécier , mais cet article est sans   prétention, et souhaite seulement évoquer un souvenir délicieux

 

Et déjà président et secrétaire peaufinent les derniers détails de notre prochaine rencontre: le déjeuner au Lycée Hotelier de Bonneveine!

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