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Merci  à Jacqueline, Lucile, Martine qui ont pris la peine de m'envoyer leurs belles photos qui complètent utilement les miennes..

Du lundi 10 avril au jeudi 20 avril 2017, l'AMOPA à l'île de la Réunion.

Le séjour...magique...La fée...Danièle !!

"Danièle la di, Danièle la fé !!!"

 

Le 12 août 1966 j’arrivais sur une terre qui m’était totalement inconnue, avec le sentiment de vivre une aventure de pionniers : eau courante 2 fois 3 heures par jour, des charrettes de canne tirées par des zébus indolents… Mais quelle végétation ! Quels paysages époustouflants aux parfums enchanteurs et aux couleurs chatoyantes ! Une histoire d’amour qui s’est enrichie au fil des années. 

Danièle.

Les armoiries de La Réunion ont été dessinées par Émile Merwart en 1925, à l'occasion de l'Exposition coloniale qui se tint à Petite-Île. Elles symbolisent le paysage et l'histoire de l'île. "Écartelé, au 1 de sinople à trois volcans d'argent, celui de dextre en éruption, celui du centre surmonté de « MMM » en lettre du même, le tout issant d'une mer du même ; au 2 parti d'azur et de gueules à la nef d'argent voguant sur une mer du même brochant sur le tout ; au 3 d'azur à trois fleurs de lys d'or, au 4 de gueules semé d'abeilles d'or ; sur le tout, tiercé en pal d'azur, d'argent chargé des lettres entrelacées R et F d'or et de gueules".

La devise de l' île est: « Florebo quocumque ferar » (« Je fleurirai partout où je serai plantée »)

En 1975, Guy Pignolet crée un drapeau régional réunionnais, reconnu par l’Association française de vexillologie en 2003 et repris depuis dans des manifestations sportives internationales ou encore par la Monnaie de Paris. Il est parfois  baptisé "Lo Mavéli" qui  vient de "Mahavel" ("Beau Péi" en malgache et de Véli, étoile malbar ou planète Vénus) , "l’étoile qui te mène au beau péi". Pour Guy Pignolet, "ce drapeau se veut une valeur identitaire réunionnaise, il ne s’oppose ni au drapeau français, ni au drapeau européen, il en est le complément et le contrepoint régional. Les trois couleurs

 

symbolisent le rouge du volcan, le bleu du ciel et le jaune du soleil. On peut aussi imaginer le rouge pour la force puissante, le bleu pour la douceur du vivre ensemble et le jaune pour la clarté visionnaire. Les rayons évoquent les Réunionnais venus du monde entier, ouverts au monde entier. On peut penser que le rayon central représente notre lien avec l’espace interplanétaire, le passage privilégié entre les civilisations terriennes et la culture émergente des enfants d’une étoile, les citoyens du Système Solaire".

Guy Pignolet est scientifique, chercheur et citoyen du monde.

 

Le Piton des neiges émergea des profondeurs de l'océan il y a plus de trois millions d'années, après une activité volcanique intense. L'île se forma autour du Piton.

Il y a 500 000 ans le Piton de la Fournaise émergea à son tour. Après  des éruptions explosives des deux volcans, le Piton des Neiges se calma et eut sa dernière éruption voici 12.000 ans, mais le cœur reste encore chaud avec une température de 200 degrés vers 2000 mètres de profondeur.

La Réunion est une île volcanique jeune qui n'a pas fini sa formation car le volcan de la Fournaise se manifeste régulièrement, rarement   violemment,  et  ses coulées  de lave , sur l'océan, augmentent sa superficie qui est de quelques 2512 Km2 , (la Corse : 8680 Km2)

Les deux sommets, 3071 m. et 2632m, sont séparés par l'axe Plaine des Cafres/Plaine des Palmistes, seule voie de passage naturelle entre les deux versants de l'île.

L'île était déserte, paradis  difficile d'accès.  Elle avait découragé les aventuriers Portugais, Anglais , Arabes, Hollandais..qui croisaient au large mais n'y débarquaient pas. Les Français sont curieux et téméraires. en 1663 Louis Payen et peut-être  Pierre Pau, accompagnés de 10 Malgaches (7 hommes et 3 femmes), s'installent dans l'île, à l'arrière de la plage  dans une caverne creusée dans la falaise :  aujourd'hui  "la Grotte des Premiers Français" à Saint-Paul. C'est le début d'une véritable colonisation. En juillet 1665, une flotte de la Compagnie des Indes Orientales conduit une vingtaine de colons à Bourbon.

 De cette époque naitra une petite Malgache, Anne Mousse, considérée comme la premiére enfant de Bourbon, et l'ancêtre symbolique de tous les Réunionnais.

En 1793, pendant la Révolution française, l'île qui se nommait Bourbon, fut appelée La Réunion par la Convention de Paris en souvenir de la “réunion” des Marseillais (et oui !!) et de plusieurs bataillons de la Garde nationale, lors de l'assaut du palais des Tuileries.

 

Descendants  de  colons  blancs , d'esclaves africains ou malgaches , de travailleurs indiens , de Chinois,  de musulmans d'Inde : l'île est une terre d'immigration offrant le visage métissé d'une société d'origine multi-ethnique et pluriculturelle qui réussit le pari de faire cohabiter sereinement communautés et religions sur un territoire limité.

Île métisse et harmonieuse La Réunion porte bien son nom !

 

Ces quelques mots afin d'y débarquer à notre tour en toute connaissance de cause.

Lundi 10 avril:

Nous sommes 8 à Marignane. Danièle Gentil nous attend à Saint-Denis. Il faut enregistrer nos billets avec l'aide de Mireille, notre fille et de son chien Isis. Aïe ! notre avion a du retard, on va rater la correspondance à Orly...Mais les agents d'Air-France sont efficaces et nous casent dans le vol d'avant..Ouf!!

Mardi 11 avril:

Il est 9h50 (2 heures plus tard qu'en métropole), nous attérissons à l'aéroport Rolland Garros de Saint-Denis
Récupération des bagages, bisous à Danièle, location de voitures (nous en aurons 2), en route pour l'Ermitage-les-Bains (le nom viendrait d' un jeune noble berrichon qui fuyait sa famille sous un faux nom et élevait des bestiaux dans un endroit appelé l'hermitage .Ce fut le grand-père du poète Évariste De Forge de Parny qui naquit dans la maison paternelle située à l'Hermitage le 20 février 1733. On n'a jamais pu retrouver l'emplacement exact de cette maison), tout près de Saint-Gilles-les-Bains ( Saint-Gilles est parfois appelée "Zoreiland"  en raison du nombre élevé de touristes ou fonctionnaires qui y séjournent .)

Nous voilà à Coco Island , nous prenons possession de nos bungalows, accueillis par d'énormes carpes , des hortensias japonais et des petits lapins.

Le bungalow nous offre une terrasse avec cuisine,   chambre et salle de bain, et un beau bougainvillier rose sur le toit

 

Nicolas est l'hôte..

Le bungalow 11

Piscine

Nous avons cohabité avec 3 margouillats peu sociables que nous avons sûrement importunés  mais ils sont restés très discrets et nous n'avons pas eu de moustiques !

    La cuisine, où nous prendrons ensemble  d'inoubliables petits-déjeuners et dîners.

Nous sommes prêts pour aller déjeuner au "Créo-Grill" à Saint-Paul (le nom aurait été donné par le Capitaine Pronis qui a débarqué sur cette terre le 29/06/1642, jour de la fête de l'apôtre Saint-Paul.) . Un accueil et un repas  qui nous surprennent ,car ce sont les premiers, mais bien vite nous comprendrons que l'hospitalité est un art de vivre ici.
 

 Le découpage et le nom des communes nous ont intrigués, beaucoup de Saints... voici une petite parenthèse pour les insatiables curieux que nous sommes.

La Réunion est découpée en 24 communes. La création du 25e commune est prévue le 1er janvier 2018.

Comparées aux communes de métropole, les communes réunionnaises ont des tailles relativement importantes et regroupent souvent plusieurs villages. Elles  sont regroupées en 5 communautés d'agglomération.

Les noms des communes ont des origines quelquefois curieuses , par exemple "Aviron" où nous passerons aujourd'hui viendrait d'un mot malgache déformé, "avironne" qui signifierait « lieu que l'on découvre de loin » en raison des nombreux points de la commune qui servent de repères aux pêcheurs en mer....

Tout au long du séjour, Danièle nous proposera des repas créoles, nous serons très vite conquis:  un délice !

Le patron n'est pas un "Chauffe-galet" ( position de celui qui reste assis, sans rien faire, sur une grosse pierre ou sur le perron de la boutique)

parti à 16 ans pour le lycée hôtelier de l'Essone avec 5 Kg de "boucané", ( viande, poulet ou porc, fumée au feu de bois.) il est revenu s'installer ici dès qu'il l'a pu. Il prend manifestement plaisir à nous conter sa cuisine.

Bien sûr la bière Kekette nous intrigue, c'est une bière fabriquée en Belgique . Nous lui préfèrerons la Bourbon, la Dodo, produite et commercialisée ici.

Nous retournons à Coco nous reposer un peu et finir notre installation car une surprise nous attend ce soir. le rythme est établi!!!

Et la surprise est de taille: Alain et Madeleine sont des amis très chers de Danièle. ils nous ont concocté un apéritif dînatoire de bienvenue. Nous sommes émus par cette manifestation rare d'amitié. Enseignants à la Réunion, Alain est à la retraite, Madeleine enseigne toujours l'anglais.

Nous sommes installés dans ce qui va devenir "notre salle à manger".

Samoussas, venus d'Inde et revisités, nems, pâtés créoles aux brèdes (feuilles et tiges tendres comestibles de certaines plantes), sarcives ( mets d'origine chinoise à base de viande de porc ou de poulet et de miel) , pâtés saucisses, pâtés viande, bouchons de pâte de riz cuits à la vapeur d’origine chinoise, mais devenus un classique de la cuisine réunionnaise, fruits exquis, bananes , ananas, fruits de la passion, un festival de saveurs du monde, et j'en ai peut-être oublié, le tout arrosé par le fabuleux rhum arrangé dont nous ferons ,sans vergogne,  une consommation tout à fait normale pendant  notre séjour. Ce n'est pas de notre faute, on nous l'offre dans tous les restaurants, et nous n'avons pas pu faire autrement que de nous l'offrir pour nos repas du soir.

Merci Alain et Madeleine, dès le premier soir vous nous avez plongés dans la cuisine , dans la chaleur et le cœur généreux de votre île.

Mercredi 12  avril:

Une  journée bien remplie -mais elles le seront toutes-, qui commence par le petit-déjeuner pris en commun, moment privilégié qui a bien auguré de chacune de nos promenades.

Direction le sud par la N1, avec vue sur l'océan aussi bleu que le ciel, de l'Ermitage à Saint-Pierre

On s'arrête à Saint-Leu,(L'origine du nom vient de l'anthroponyme Laleu, garde-magasin de Saint-Paul qui établit un boucan sur le site dès la fin du XVIIème siècle.) où l'on va grimper jusqu'à la chapelle de  Notre Dame de la Salette.

"On ne nait pas citoyen on le devient"

 

Au mois de mars 1859, un navire, le Mascareignes parti des côtes orientales de l'Afrique, débarquait des travailleurs à La Réunion, qui apportaient avec eux un terrible fléau: le choléra éclata à Saint-Denis. Ses ravages furent tout de suite effrayants, d'abord dans la capitale, puis dans le reste de l'île et firent 2700 morts. Les habitants de Saint-leu s'attendaient à se voir, eux aussi, d'un moment à l'autre, atteints par l'épouvantable calamité.  Leur  curé, le père Sayssac qui avait été ordonné prêtre le jour de l'apparition de la Vierge à la Salette en Isère, promet publiquement, le dimanche 10 avril 1859, si sa paroisse est préservée du choléra, de bâtir, sur le versant de la montagne qui entoure Saint-Leu, une chapelle en l'honneur de Notre-Dame de La Salette.

Dans tous les cœurs nait une confiance joyeuse . Les pauvres, fournissant la main-d'œuvre, rivalisèrent de bonne volonté avec les riches qui avançaient les fonds nécessaires et, pendant deux mois que durèrent les travaux, les chants des ouvriers réjouirent les incrédules eux-mêmes .

L'épidémie s'arrêta aux portes de la ville et le choléra disparut de l'île , pas un seul habitant de Saint-Leu, n'en avait été victime.

 

Reprenons  l'ancienne route nationale. Un arrêt après Saint-Leu, "le souffleur" est sous nos yeux .

C'est un phénomène géologique. La région de la Pointe au Sel a été formée par le volcanisme ancien du Piton des Neiges. Un boyau est né, de plus en plus profond. La pression des vagues  a fini par provoquer l'effondrement d'une partie de sa voûte , créant un orifice naturel par lequel l'eau de mer pouvait ressortir. Lorsque la vague arrive, elle s'engouffre dans le boyau et subit une forte compression, l'eau de mer, pulvérisée, gicle par l'orifice à une hauteur considérable, un violent jet d'embruns  monte dans les airs jusqu'à plusieurs mètres. Le spectacle est remarquable et il se répète à chaque vague.  Le mécanisme du souffleur ne fonctionne pas tout le temps. Par marée basse et faible houle, le niveau et la quantité d'eau ne sont pas suffisants pour déclencher la projection, nous avons, aujourd'ui, eu de la chance.

Le prochain but est l'Étang-Salé, (Autrefois, sur le territoire de cette commune se trouvait un petit étang naturel d'eau salée séparé de la mer par des dunes.). "Le Gouffre" est une faille formée par une coulée de lave qui s'est transformée en une sorte de couloir naturel entouré de roches noires, dans lequel viennent s'engouffrer et se fracasser les vagues de l'Océan Indien. Le spectacle de la mer en furie l'envahissant en permanence est saisissant.

Au bord du gouffre  la falaise  est couverte de nombreuses petites croix déposées par les proches des marins péris en mer, et des désespérés qui se sont jetés dans les flots tumultueux qui grondent en contrebas.

Nous découvrons le "filao", grand arbre du littoral, qui a l'apparence d'un conifère mais qui est un feuillu, introduit il y a plusieurs siècles.

Le restaurant "Le Macao", cuisine chinoise et créole,  nous accueille à l'Étang Salé: Cabri massalé, riz crevettes, poulet, champignons...piment rougail de cocombre et "les grains", haricots ou lentilles ,qui accompagnent tous les plats.

Vous remarquez les petites boites au fond sur la table. Le dîner nous est gentiment offert ! les plats sont très copieux et le gaspillage est ainsi évité...on ne refuse pas..

L'après-midi sera consacrée à la visite du domaine du "Café Grillé" à Pierrefonds, prés de Saint-Pierre (Selon certains, la ville doit son nom à Pierre Cadet. Pour d'autres, à Pierre-Benoît Dumas, Gouverneur Général des îles de France et Bourbon )Le jardin botanique s’étend sur une superficie de 4 ha, conçu autour de 2 idées chronologiques : La Réunion " d’aujourd’hui " (espèces  exotiques,  plantes à parfum,  une palmeraie  en symbiose  avec  des orchidées et des fruitiers),   La Réunion " longtemps " (les grandes cultures,vétiver, cacao, girofle…) puis une forêt d’espèces endémiques.

Qui lé la ?

La boutique en attendant le guide.

Le guide par un film explique la fabrication du café,  de la plante à la tasse, l'importance du "Maître Torréfacteur", les 800 molécules aromatiques, l'eau de source seule utilisée ici....

L'extraordinaire promenade peut commencer.

d'abord  La Réunion "d’aujourd’hui"  , puis le "jardin de grand-mère" où chaque spécimen a une fonction, et  le "jardin de grand-père" pour l'alimentation.

Ce figuier blanc "de Marseille",  introduit il y a 5 ans est un exemple de l'adaptation des pieds importés: certaines de ses feuilles ne sont plus trilobées.

Voici une vanille épiphyte, liane souple qui s'arrime à un arbre charnu. Découverte au Mexique, elle fleurissait mais ne produisait pas de fruits. En 1841, un jeune esclave inspiré de 12 ans, réussit avec une épine et par un geste minutieux, à féconder la fleur. Il s'appelait Edmond Albuis.

La vanille de la Réunion est réputée la meilleure du monde.

Nous avons appris beaucoup de choses sur le café.  ..Le Bourbon ou pointu est une graine pointue des 2 côtés. Décrit dès le XVIIIème siècle, c'est le café endémique de la Réunion découvert à l'état sauvage. Louis XV qui adorait le café préférait le moka,  graine ronde née en Éthiopie, .selon lui "L'unique bon". La variété tire  son nom de Mocca, le plus ancien port d’exportation pour le café au Yémen. Une cerise de café est constituée de 2 graines.

Au célèbre café "Le Procope" à Paris, fondé en 1684 se rencontraient selon l'époque,  autour d'une tasse de café Bourbon: Racine, La Fontaine, Voltaire, Montesquieu, Danton, Robespierre, Diderot , D'Alembert, Rousseau...  Benjamin Fanklin y rédigeait quelques notes de la Constitution américaine.

Le café Bourbon a eu la vertu de rapprocher artistes, écrivains, philosophes , révolutionnaires...

Nids de tisserands, c'est monsieur qui les tisse

 Ci-dessus un cardinal.

 Ci-contre, une case traditionnelle réunionnaise de conception bretonne car conçue par des marins, avec une influence malgache par la mezzanine ( on y vivait nombreux!), perdura jusqu'en 1970 où un terrible cyclone les détruisit toutes. Des cases au toit en tôle à 4 pans les remplacèrent et résistèrent au cyclone de 1989

le bananier est le seul fruit endémique comestible de la Réunion. sa fleur : baba figue.

Le jeune guide a fait l'unanimité par sa connaissance du sujet, son humour, la clarté de ses explications , sa fougue son enthousiasme et sa conviction pour défendre son café, ce que bien sûr les gribouillis de mon carnet  ne peuvent pas traduire...

Au moment de partir nous avons la très agréable surprise de quelques chansons créoles au seuil de la boutique.

Nous rentrons par la "route des Tamarins" , une route express ouverte à la circulation le 23 juin 2009 du nom du Tamarinier, localement appelé "tamarin péi", arbre régulièrement présent dans les paysages . Longue de 34 km, elle relie les communes de Saint-Paul et l’Etang-Salé et longe le flanc des premières pentes des Hauts de l’Ouest  Les points de vue sur l’océan sont spectaculaires en particulier au niveau du viaduc de Trois-Bassins, point culminant de la route.

La construction de la Route des Tamarins fut et est toujours ( elle n'est pas finie), une course  d’obstacles . Ces obstacles, ce sont les ravines, plus de 120 sur les 750 que compte l'île. Ce sont des brèches abruptes et profondes creusées par les fortes pluies au cours des millénaires, sur les pentes extérieures des volcans. Elles ont contribué à façonner un paysage unique et spectaculaire . Sur un territoire où l’histoire de la présence humaine est relativement récente, les ravines  créent un lien puissant entre les hommes et l’eau. Elles furent aussi le refuge des Marrons, le couloir d’évasion des esclaves vers les montagnes et la liberté. En leurs anfractuosités séjournent les mauvais esprits, leurs blocs rocheux sont le théâtre des croyances populaires et il y survit le souvenir des peurs enfantines lorsqu’il fallait aller chercher le bois . Le monde des ravines est un monde mystérieux où bat le cœur d’une Réunion, plus intime, plus vivante .

Certaines portent des noms amusants tels Grande Ravine Glissante, Ravine des Poux, Ravine des Colimaçons, ravine des Cabris.....

Le beau ciel du mercredi soir

Et nous voilà "chez nous" pour le dîner. Ah! le bon moment, où nous nous faisons part de nos émerveillements de la journée, où nous parlons du programme du lendemain, où Danièle nous conte son île...

les messieurs "cuisinent"..

Les dames lavent et rangent...

Yves Poujol nous dit les légendes des personnages que nous allons rencontrer demain...Que de bons souvenirs de bonne humeur, de convivialité, de complicité, d'amitié nous sommes en train d'élaborer..

mais il faut aller dormir, demain petit-déjeuner à 7h30, départ à 8h.

Jeudi 13 avril:

 

Aujourd'hui Alain nous fait le plaisir de partager notre promenade et ses grandes connaissances de l'île. Il a pris une part active à l'élaboration du programme de notre séjour. Partons pour le "Cirque de Salazie"( le nom vient du mot malgache Soalazy qui veut dire "bon campement") , qui était le refuge des esclaves "marrons", en fuite.

Direction le nord de l'île par: Saint-Paul ( du nom qu'aurait donné le Capitaine Pronis qui a débarqué sur cette terre le 29/06/1642, jour de la fête de l'apôtre Saint-Paul), La Possession.(La troisième prise de possession de l'île, en novembre 1649 eut lieu à cet endroit. La baie où le navire fit relâche était nommée « La Possession du Roy ».) , Saint-Denis (C'était le nom du bateau de la Compagnie des Indes arrivé à Bourbon en 1667 dans l'estuaire de la rivière qui porta ce nom. La ville prit aussi ce nom après.) Sainte-Marie (du nom de  de la Vierge Marie.), Sainte-Suzanne (du nom à la rivière qui la  borde, certainement

 celui de l'une de ses riveraines), Saint-André, (Ancienne section de Sainte-Suzanne, appelé autrefois Saint-Joseph, cette localité changea de nom vers 1740 en l'honneur de André Hocquart, officier, qui y représentait le gouvernement ou par déférence pour le conseiller André d'Héguerty, nommé commandant du quartier de Sainte-Suzanne.) . Frontière entre Saint-André et Salazie, nous passons à "Petit trou", commune de Saint-André rarement ensoleillée. Poursuivons cette route pittoresque , on traversera 4 fois la riviére du Mât. On s'arrête d'ailleurs au "Pont de l'Escalier" pour l'admirer

C'est ici le pays des cascades que nous verrons mieux au retour, du cresson et du "chouchou". Ah le chouchou !! Déjà cultivé par les Aztèques, originaire du Mexique, il est intoduit au milieu du XIXe siècle et trouve des conditions écologiques parfaites dans le cirque de Salazie.  Il pousse partout, au bord des routes, sur une treille, sur les pentes escarpées..., couvrant le cirque d'un tapis verdoyant. ses tiges servaient à la confection de chapeaux. Lavées et séchées, elles donnent des rubans de paille blanc argenté : "la paille chouchou", qui procura des ressources importantes pour les Salaziens au début du XXe siècle.

Aujourd'hui, le chouchou fait partie intégrante de la cuisine réunionnaise et toutes les parties de la plante sont utilisées. La racine ou " patate chouchou " sert à la confection de gâteaux et les pousses donnent les fameuses brèdes chouchou. Le fruit se consomme en légume et s'accommode de différentes manières : cru, cuit, farci ou en gratin.

 

Fougère arborescente et ses crosses

Nous voilà à Hell-Bourg. Dans ce paysage grandiose à la  végétation luxuriante, le village d’Hell-Bourg présente une architecture où se marient l’identité créole et le patrimoine Belle Époque issu de son activité thermale passée. ll doit son nom à M. de Hell, gouverneur de l'île Bourbon de 1838 à 1841.

 

 

Cette jeune femme a plaisir à retrouver Alain qui a été son prof en 4ème. Elle nous explique le mobilier d’époque de « style créole » en bois de couleur de la région.

Nous poussons le portail de la "Maison Folio", inscrite à l'Inventaire des Monuments Historiques du département. Nous découvrons  une authentique case créole, véritable témoin d’une page d’histoire de cette ancienne station thermale au XIXème siècle, qui semble avoir traversé le temps par enchantement. Les propriétaires , M. et Mme. Folio , à la retraite , sont aidés par leur petit-fils, Raphaël qui sera notre guide.

Nous attendons Raphaël qui va nous faire visiter le jardin et les dépendances

Cette belle fleur jaune que l'on voit souvent est une fausse datura, la brugmansia appelée ici trompette du jugement dernier en raison de sa toxicité

Nombreuses et gentilles araignées , babouk : une araignée écrasée c'est 30 cafards de plus!!!

Le jardin tropical, véritable écrin de verdure caractéristique de l’art de « vivre créole » d’antan, avec son kiosque et sa fontaine des « Trois Grâces », est un bonheur pour la vue et l’odorat.  La luxuriance des lieux savamment désordonnés, évoque la nature réunionnaise: plantes à parfums ou aromatiques , plantes médicinales,  sous-bois de fougères géantes et de camélias,  souvent en symbiose orchidées, anthuriums, fougères, capucines, passiflores, bégonias, bambous…
 

A l’extérieur, la « cour créole » était constituée de trois petits bâtiments  pour abriter les pièces d’eau, la salle à manger et 2 chambres d’amis. Dans l’un d’eux  sont présentés des objets de la vie quotidienne d’autrefois, ainsi que de l’artisanat local.

Portrait du grand-père Folio, les étagères faites par lui .

on observe, on écoute, on goûte

Observez ..ces plantes sont dans un "fanjan"  matériau naturel constitué par la masse enchevêtrée de racines de  fougères arborescentes, traditionnellement taillées  et utilisées pour la confection de pots à plantes vertes . Solide et aéré, il retient l'eau et les minéraux. Mais son prélèvement dans la nature qui  occasionne une dégradation importante des écosystèmes, est strictement réglementé par le code forestier français et généralement non autorisé .

Alain, Danièle et Mme Folio, ,"Kiki"..

À pied, nous nous dirigeons vers le restaurant, admirant au passage...

Pardon pour cette énumération  qui peut être fastidieuse, comme d'autres passages de ce reportage , mais je crois que nous les participants, serons heureux de retrouver ces précisions quand nos souvenirs se seront un peu évaporés...

Apéritif samoussa, bouchons, gratin de chouchou, cari poulet, poisson, porc ananas, grains pois du cap, et en dessert, banane flambée, orange, banane naturelle,  pastèque (qu'on appelle  melon en créole) glace, vins et le café servi à la cafetière !! "Vant plin !!"

À quelques pas de là, nous visitons le  "musée des musiques et instruments de l'Océan Indien".

Un piètre échantillon de la riche exposition que nous avons vue.

Quelques "Chauffe-galets"

Un "guet a li", point de vue de surveillance.

La route du retour:

Point de vue sur le cirque de Salazie : "le piton d'Anchaing" . Anchaing, premier habitant de Salazie  , esclave d'un riche propriétaire de la côte est de l'île, aurait fuit l'esclavage et se serait caché sur le piton qui porte aujourd'hui son nom,  son propriétaire ayant violemment battu sa femme, Héva. Du piton où ils étaient installés, il pouvait voir de loin les chasseurs d'esclaves, dont le célèbre Bronchard.
 Certains racontent, qu'un matin, Anchaing s'est retrouvé nez à nez avec Bronchard alors qu'il pêchait. Celui-ci aurait  fait feu sur Anchaing qui sauta dans un ravin. Pensant qu'il était mort, Bronchard repartit. Mais, légèrement blessé, Anchaing regagna son campement et vécut avec sa femme près d'un quart de siècle sur ce piton.
D'autres racontent que Bronchard aurait réussi à capturer les fugitifs et qu'il les aurait ramenés à leur propriétaire. Ce dernier venait de décéder et sa fille décida de rendre leur liberté à Anchaing et Héva.
Enfin, une dernière version veut qu'Anchaing ait été repéré par la fumée d'un feu qu'il aurait fait. Alors capturé par des chasseurs de marrons, il aurait été abattu..

On voit aussi " la Roche Écrite", et de nombreuses cascades !!

Un bananier avec son régime et la fleur. Des bananiers sont souvent plantés près des maisons contre les incendies. Quand l'arbre meurt, 4 rejetons repoussent!

Arrêt devant "le voile de la mariée", qui  doit son nom à l'histoire d'un jeune homme riche qui tomba amoureux d'une jeune fille modeste. Le père de cette dernière s'opposait fermement à leur relation. Malgré cela, les deux jeunes gens décidèrent de se marier. Le père de la jeune fille  se rendit à l'église muni d'un sabre, lors de la cérémonie, pour tuer son gendre. Les jeunes mariés s'enfuirent et la jeune femme glissa puis tomba de la montagne. Son voile se serait accroché le long de la paroi .
Il est déjà arrivé que le débit de l'eau soit tellement important que les vapeurs qui s'y dégagent donnent un effet ressemblant véritablement à un voile.

Oups!

Le "Pisse en l'air" est une douche sur la route, l'eau d'une cascatelle en surplomb dégouline le long de la corniche ..

Le beau ciel du jeudi soir

Lucile, Martine,  Yves et Paul vont faire quelques courses au supermarché Score tout près. Aie! on a oublié le sel..De gentilles voisines nous offrent le leur. on est sauvé pour les coquillettes de Paul.

Dîner-échange:

Vendredi 14 avril:

Le marché forain de Saint-Paul:

Saint-Paul, 2ème ville de France en superficie, (après Arles), est une ville d'histoire, le berceau du peuplement de l'île (voir au début). Elle se pare d'une plage de sable noir de 3km de long où quelques barques sont posées sous   un tapis de fleurs.

 

 

Le marché forain de Saint-Paul est  sur le front de mer de la ville  C'est un marché haut en couleur avec plus de 300 exposants : vente de produits locaux, épices, fruits, légumes,...Il est considéré comme l'un des plus beaux marchés de l'île de la Réunion, et est sans doute "le marché le plus touristique". D'ailleurs , nous avons quelque peine pour nous garer, et tant mieux , car nous le faisons dans un quartier résidentiel,  devant le temple tamoul Siva Soupramanien édifié en 1871 par la communauté d'engagés tamoul.

 

Photos de Lucile:

Nous allons manger au "Palais de l'Eau de Coco". Ancienne case créole , ouvert depuis 1943, il est l'un des derniers à offrir l'eau de coco artisanale, un régal de fraîcheur!!

Allons maintenant au "musée historique de Villèle"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 2h30 à la pendule du bureau!!! Nous avions rendez-vous à 16h..Mais..le Conseil Départemental a donné , un peu tard,  l'après-midi du vendredi saint à tous les travailleurs, et notre pauvre guide fut  obligé de nous recevoir au lieu d'aller à l'église...

Faisons donc la visite au pas de charge .

Ancien domaine colonial de la famille Panon-Desbassayns, café puis canne-à-sucre y  sont cultivés . Marie Anne Thérèse Ombline Desbassayns, née Gonneau-Montbrun  était la plus riche héritière de l'île. Elle épouse Henri Paulin Panon qui hérite d’un immense territoire à la ravine Saint-Gilles. Il sera surnommé « Desbassayns » en raison de la présence de plusieurs bassins sur sa propriété. À sa mort, Mme Desbassayns reprend le domaine et ses 300 esclaves et le dirige d'une main de fer. Elle est décrite comme une personne généreuse et admirable par une partie des colons de son époque qui vantent la chapelle pointue,  qu'elle avait ouverte pour sa famille et ses esclaves et surtout le seul hôpital des esclaves de l'île construit par ses soins. Mais la tradition populaire la dit   cruelle, inhumaine, esclavagiste. On l'appelle  "Grand mere Kal" ( la sorcière) et des légendes racontent que les éruptions du volcan  de la Fournaise seraient en fait les supplications de Madame Desbassayns expiant ses péchés dans son cratère !

Il fallut 3 ans pour construire cette maison inspirée de celle du gouverneur de Pondichéry. La toiture en terrasse est recouverte d’en enduit étanche fait de sable chaud et de sucre: l’argamasse, pour le séchage du café.

"Ne grogne pas Danièle, vas mettre tes chaussons!!"

 (la barre à cyclones à la fenêtre)

Canapé mortuaire

Chambre de Madame Desbassayns

Plafonds à caissons et créole

lustre en cristal de Saint- Louis

Paul et Virginie
Pour écrire son roman
, .Bernardin de Saint-Pierre s'inspira de l'histoire d'une cousine de Mr Desbassayns qui mourut dans le naufrage du Saint-Géran à l'île Maurice,

Surcouf  qui a participé à la traite des noirs pour l'île Bourbon, montre l'Angleterre

Les entraves des esclaves.

Pendule, corbeille à pain en porcelaine de Sèvres , une lithographie d’Antoine Roussin. Portrait représentant Edmond Albius. Ce dernier, né esclave à Sainte-Suzanne en 1829, fut, à l'âge de 12 ans l'inventeur de la fécondation du vanillier.

Voilà...Cette page ne veut plus de mes photos..Nous irons, si vous le voulez bien, voir la suite en page 10 bis

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